Tuesday, September 28, 2010

Arménie



L'Arménie est coincée entre la Turquie à l'ouest avec qui elle est fâchée, et l'Azerbaïdjan à l'est avec qui elle est en conflit ouvert. Reste un couloir entre la Géorgie au nord et l'Iran au sud. En fait, on a l'impression que la Géorgie et l'Arménie se tirent la bourre pour celui qui aura le plus d'églises à montrer, et l'alphabet le plus abscons possible. Difficile de dire qui gagne.



Traduction, de haut en bas et de gauche à droite:
- les femmes doivent s'emballer la tête
- les homme doivent porter la raie au milieu
- prière de mettre un K-way pour la prière
- interdiction de porter une coiffure ridicule
- interdiction de porter un cannotier
- interdiction de mettre les mains dans les poches de votre K-way
- interdiction d'essayer d'arranger votre coiffure ridicule avec des lunettes de soleil
- interdiction de faire des graffitis en arménien
- si vous avez les mains dans les poches de votre K-way, évitez au moins la casquette
- interdiction de jouer avec votre poupée Barbie
- éteignez votre portable
- ne buvez pas au goulot de la bouteille avec une casquette, c'est mal élevé.

Enfin, je crois. Réponse dans l'album photo.



Le temps est un peu mieux mais quand même pas top. Le pays est assez montagneux, et ça caille un peu en altitude. Heureusement j'arrive à me faire inviter ou à camper dans la pampa, parce que le pays est assez cher, en fait. Finalement, j'e décide tracer au sud direction l'Iran. Le sud du pays est assez sympa, pas mal de cols pour passer une chaîne de montagne, dans un couloir avec à l'est une enclave Arménienne en Azerbaïdjan (le Nagorny Karabakh), et à l'ouest une enclave Azeri déconnectée du reste du pays (le Nakhchivan), ravitaillée par camions en pasant par l'Iran. Bonjour le merdier, merci Lénine et Staline. C'est pareil entre l'Ouzbekistan, la Kyrgizstan et le Tadjikistan. Mélanger les peuples pour éviter les revendications nationalistes en URSS. Bonjour le résultat.



Finalement j'arrive à la frontière Iranienne, qui passe très bien. Les Arméniens sont les plus chiants, il demandent à fouiller les véhicules qui sortent du pays.. ils ont peur de quoi, qu'on exporte leur églises ? bon, le gars revient de sa sieste après une demie-heure, j'entrouvre une valoche et il est content, il ouvre la grille et me fait passer. Du coté Iranien c'est très pro, ça prend un peu de temps mais aucun souci. Je passe vaguement un sac au X-ray, mais en fait ils s'en tapent un peu. Je fais valider mon carnet de passage, et roule Simone. Pas de pseudo-guide qui te tirent des thunes, pas d'assurance à acheter etc.. comme certains en on rencontrés à la frontière avec la Turquie à Van.

De l'autre coté, on se retrouve en fait en pays Azeri, qui forment la majorité de la population du nord de l'Iran. Je change mes dernier drams arméniens et un bifton de 100€ sans poroblème, je me retrouve donc millionnaire en rials!



Pour fêter ça, arrêt dans une chaikhana et faites péter le kebap, tesekkur (ils parlent une langue turque). Première découverte: malgré l'embargo américain, on trouve du Coca-Cola partout. La suite: Tabriz, puis direction le Kurdistan iranien.

Sunday, September 12, 2010

Caucase



Après 1 mois en Turquie ensemble, je ramène finalement Cécile à l'aéroport, vu que y'en a qui doivent bosser un peu, c'est vrai ça, sinon où va-t-on ? Ca changera la donne, un peu moins chargé, un peu plus seul.. du coup je file en Géorgie, c'est pas si loin depuis Erzurum et les routes sont globalement bonnes. Je passe la frontière Posof-Vale sans souci, presque personne, les bâtiments sont en chantier. Il suffit donc de trouver la personne qui sait comment utiliser l'ordinateur et je suis autorisé à sortir. Du coté Géorgien, encore plus simple: une petite cabane, un gars qui inscrit mon numéro de plaque dans le passeport et "welcome in Georgia".

J'arrive dans le premier bled (au nom imprononçable) où je change de l'argent et cherche à manger un truc. Un gars m'interpelle, il tient un café internet et est motard aussi: il me montre ses photos de virées dans les montagnes, et m'amène jusqu'au garage pour me montrer le moteur de sa KTM démonté: "problème pour trouver pièces". je veux bien le croire.. en fait il est Arménien, il se trouve qu'il reste une importante communauté Arménienne en Géorgie, et c'est d'ailleurs le lieu d'origine de Charles Aznavour.



Je repars dans l'après-midi sans savoir trop où aller, je quitte la route principale et m'enquille dans une route secondaire super-merdique. Il commence à faire sérieusement mauvais, et quand je vois un groupe d'hommes au travail, je m'arrête et demande à crêcher pour la nuit. Un des gars répond OK, un bûcheron avec des poings comme des têtes de petits enfants, comme on dit dans la littérature pour adolescents. Il s'envoie des pichenettes sur la gorge avec l'index, un signe que j'ai appris en Russie, et qui annonce la beuverie! Effectivement, on commence à la vodka, et ensuite le voisin arrive avec du "vin", une piquette distillée dans sa baignoire avec des restes de cuisine, j'imagine. Mais c'est un accueil très chaleureux, alors les toasts se succèdent et finalement on va se coucher avant d'être complètement bourrés. Ouf.



C'est assez bizarre de passer d'un pays asiatique, oriental et musulman, la Turquie, vers une espèce d'enclave chrétienne qui semble plus européenne, bien que selon les géographes (hmm.. ;-) l'Europe s'arrête au nord du Caucase. Et cela tout en allant à l'est. Si on continue on arrive en Azerbaïdjan, de nouveau très oriental et proche de la Turquie. Au sud, après l'Arménie on tombe sur l'Iran, et au nord on a la Tchétchénie et le Dagestan, également musulmans. En fait, on se sent "back in the USSR":

- un "Ad Kuda" quand on se fait accoster ("tu viens d'où ?" en Russe)
- des vieilles Lada moisies, des Kamaz pourris, des UAZ déglinguées
- des magasins avec éventuellement des produits frais, mais toujours de la vodka
- des routes secondaires délaissées où les derniers bouts de goudron ont été posés du temps de l'Union soviétique
- des gars qui titubent ivres-morts dès le matin
- des villes avec des grands bâtiments en béton et en ruine, et des places énormes et complètement vides

Tout pareil qu'en Russie et au Tadjikistan, 3000 km plus à l'est. Par contre l'écriture est vraiment étrange, très particulière et difficile à déchiffrer. Mais surtout, y'a des églises et des monastères absolument partout, c'est un peu l'indigestion.



Le lendemain le temps est pas terrible et je m'arrête à une plus grande ville, dans un homestay très sympa où on piccole avec des polonais. Je visiter quelques églises, et ensuite je pars pour le Svaneti, par la route la plus difficile, à peu près déserte, où je me fais offrir le casse-croûte pas des paysans qui ramassent leur foin. Du coup, tournée de tchatcha (c'est l'eau-de-feu locale), et gamelle juste après être reparti. Bon, ça va, ça fait partie du jeu. Finalement j'arrive dans un alpage très beau, au pieds des montagnes.



Le lendemain je trouve un coin peinard pour camper dans un pâturage, et ensuite redescente et dépaert pour Kazbegi, une autre vallée qui est aussi un passage vers le nord et la Russie, par l'Ossétie du nord. Cette fois, la route est très bonne, donc vite avalée. Je profite de la dernière journée de beau temps pour monter à un col au-dessus du monastère. Effectivement, le lendemain la pluie arrive, et le surlendemain je redescends en plaine. Quoi de plus déprimant que la montagne quand il fait pas beau.





Ca fait donc 3 jours que j'attends le retour du soleil pour visiter la 3ème vallée, Tusheti. Mais là j'en ai marre, je crois que l'automne s'installe dans les montagnes. J'ai besoin de bouger, je préfère partir au sud vers l'Arménie et l'Iran.

Friday, September 3, 2010

Turquerie



Et voilà, 1 mois en Turquie et presque 4000 km de parcouru (c.f. la carte à jour sous l'onglet "dernières traces", et les photos sous l'album, en plus elles sont géotaggées, c'est pas beau ca ?). Des paysages très variés, entre le bord la mer noire (super chaude, plages désertes), la Cappadoce (sympa, mais un peu touristique), le plateau central de l'Anatolie (désertique), le sud-est Kurde (trop chaud), le lac Van (frais) et les montagnes Kackar (un peu nuageuses). Et des mosquées de tous les styles. Et des églises en pagaille (et en ruine en général), byzantines, syriennes, géorgiennes, arméniennes, amen.



C'est sur une portion de route le long de la mer Noire que je me suis fait niquer par les sodomites de la DDE turque. Ils étaient en train de refaire la route, à la façon des pays du tiers-monde: une couche de caillasse, on asperge de goudron liquide, une nouvelle couche de gravier et on tasse. En général, tu fais ça petit à petit, en laissant un passage pour les véhicules. Surtout là où il faut faire un détour de 100km pour éviter cette route. Sauf que là on était samedi et ces enfoirés étaient partis en week-end après avoir tout recouvert de goudron liquide. Au début, c'était que la moitié gauche de la route: OK. Mais après c'est toute la route qui était recouverte. Je me suis dis que ça devait être juste quelques centaines de mètres, donc en roulant molli.. macache: c'était au moins 5km de merdasse collante et glissante! Et une fois que t'es dessus, c'est pas facile de faire 1/2 tour, tu te concentres juste pour pas te coucher.. pas glop.



A l'arrivée au bled suivant, la bécane dégoulinait de goudron sur la place du village. Les boules. Heureusement que le proprio du camping, le soir (un motard aussi) était sympa et m'a prêté un peu de matos pour le nettoyage. Et qu'il avait des bières au frais. 1 journée pleine et 3 litres de pétrole plus loin, ça commence à ressembler de nouveau à une moto. Ca m'apprendra.

Du tourisme donc. Une gamelle de plus au compteur, rien de bien méchant, et pas mal roulé en fin de compte, les distances sont assez grandes (et à 1,80 roro le litre d'essence, ça fait mal!). Ah oui, un truc quand même: les Turcs sont nuls en orthographe.

Thursday, September 2, 2010

Iftar



C'était pas calculé, mais je me retrouve en Turquie juste pendant le Ramadan (Ramazan en turc). Bon, c'est une république laïque, donc personne viendra te chercher des poux si tu manges ou bois pendant la journée, et dans les endroits touristiques il y a toujours des restaurants ouverts. Mais plus particulièrement dans l'est du pays et dans la pampa, tout est en général fermé la journée. Ou alors les bistrots sont pleins de mecs qui sont assis et ne font rien.. C'est un peu dommage pour les pauses tchay. Mais c'est le soir que ça devient intéressant, pour Iftar (fin du jeûne). L'heure exacte d'Iftar varie légèrement de jour en jour (aux alentours de 19h en ce moment), et est donnée par le muezzin. Voilà comment ça se passe:

Environ 1h avant, c'est le pic de circulation, tout le monde essaie de rentrer à la maison à l'heure, pour manger en famille. H- 30 minutes, tous les magasins ferment et les rues se vident progressivement, jusqu'à être complètement désertes. Par contre c'est le coup de feu dans les restaurants, qui ont chômé jusqu'à présent. H - 15 min, les gens prennent place sur les terrasses ou dans les salles de bistrot, pour être sûr d'avoir une place et pas louper le début. Les tables sont déjà servies en pain, salade, entrée, etc.. mais personne y touche. Les clients sont assis, ont commandé la suite, et attendent l'heure H sans un mot.



Finalement, aux premières paroles du muezzin, c'est la délivrance et la ruée sur la nourriture. En 1/2h c'est poutzé, les restaus sont pillés et les gens repartent réouvrir leur magasin, ou passent à coté aux bistrots à tables basses pour boire le thé et jouer au backgammon. Donc c'est assez agréable d'arriver en ville à ce moment parce que la circulation est nulle, mais par contre tu risques de plus trouver grand chose à manger - ou même porte close parce que les restaus ferment une fois que tout le monde est parti, au pire 1h après le début. On traîne pas à table ici.

L'aspect positif, c'est que les touristes turcs restent à la maison pendant ramazan, donc ça fait beaucoup de bien en période haute. Par exemple, pas un chat sur les plages de mer Noire, vu que les touristes étrangers vont tous sur les bords de la Méditerranée. Parc contre, l'aspect négatif c'est que les bars et pubs qui servent de l'alcool ferment pendant ramazan. On peut se fournir en bière ou raki dans les magasins qui ont la licence - ils sont faciles à repérer, en général ils ont une banderole Efes sur la devanture, mais beaucoup sont aussi fermés pendant ramazan, donc c'est des fois un peu compliqué.

Tout le contraire de la Géorgie, où tout magasin qui se respecte offre un large choix de vodka, bière, tchatcha ou vin. Le contraste est un peu délicat à gérer après 1 mois sans trop picoler, comme je le découvrirai plus tard..



(Pparoles traditionnelles lors d'un toast Georgien: "Paris, Paris, on t'enc..")

Wednesday, September 1, 2010

Direction Istanbul

Ok, ok, j'avance plus vite sur la route que sur le web. Je suis à Erzurum, et ça fait déjà un mois que je suis en Turquie.. si, si. J'ai même des visions, je vois à la télé turque un mec qui ressemble comme 2 gouttes d'eau à Niang qui marque des buts pour Fenerbahce.. ça doit être un excès de thé et un manque de pastis ?



Donc après avoir traversé la Grèce d'un seul coup et sans laisser de Thraces (bon, celle-là, c'est fait), vu le coût de la vie et et de toute façon l'accueil pas très agréable des Grecs, j'arrive à la frontière turque au coucher de soleil après 500 km d'autoroute (et je serai pas le premier à rentrer de Grèce avec le fion défoncé). Très peu de queue à la frontière.. de mon coté. Parce que de l'autre coté, j'ai remonté une file de 2,5 km de voitures, en attente que les douaniers Grecs veuillent bien faire leur boulot. J'imagine la réaction des Allemands qui rentrent de vacances en Turquie, et qui doivent passer la nuit dehors à cause de fonctionnaires Grecs qui ont fermé la barrière et qui se tapent un raki dans les bureaux. Allez-leur faire comprendre maintenant qu'ils faut aider leur économie en faillite en leur versant des milliards..

Donc je passe la nuit juste après la douane, et le lendemain je rejoins Istanbul avec l'idée de déposer la bécane chez le concessionnaire BMW pour un service "officiel". Le dernier avant l'Afrique du sud.. J'avais quand même prévu le coup, trouvé l'adresse du garage sur internet et chargé le GPS avec la route. Comme je suis pas une quiche j'y arrive sans coup férir aux alentours de midi, pour apprendre qu'il y a en fait 2 concessionnaires à Istanbul, que seul l'un d'entre eux fait les motos et évidemment c'est l'autre! Okay, j'ai le temps. La miss à la réception est super charmante, mais très nulle en géo et pas foutue de me donner des directions correctes, à part que c'est à 35 km d'ici. Donc j'y vais au pif, et en jardinant un peu je trouve l'endroit: juste à coté du consulat américain (un immense blockhaus sur une colline) et entre Carrouf et la Migros. Pas compliqué finalement. Service cher bien sûr, mais place de parking sûre et gratos. J'en profite pour bazarder mes pneus route et faire monter les TKC 80. J'en aurai pas besoin de suite mais ça fera de la place et du poids en moins.



Je pars donc au centre ville en métro, pour visiter la ville quelques jours, mais aussi pour aller chercher mon visa Iranien que j'avais préparé par internet: no souci, en 24h et 50 roros le gars du consulat me fait un tout joli tampon, yes! Reste plus qu'à visiter les trucs touristiques, mais pas trop traîner quand même parce que tout est hyper-cher, les Turcs se goinfrent sur les touristes (et en plus il fait chaud et moite, pas glop).

Ensuite c'est départ pour traverser le reste du pays, en évitant la côte méditerranéenne quand même, et bientôt première galère du voyage..: