1 mois.. chuis juste un peu trop feignant pour tenir à jour ce blog régulièrement. C'est aussi que j'ai pas toujours des conditions de connexion internet top classe. J'ai fait un bout de chemin depuis, Cécile est venue me rendre visite pour 3 semaines. Et là je suis en Côte d'Ivoire, tout va bien, c'est calme.
Ce qui n'est pas le cas du Nigéria. C'est pas encore la catastrophe, mais disons que depuis que j'ai quitté le pays juste avant Noël, pas mal de choses se sont passées, et je suis content d'y être passé avant. D'abord, il y a Boko Haram qui se remet au boulot. En principe, ils visent surtout les villes du nord ou ils sont très présents, mais aussi à Jos, où j'ai passé, et où c'était encore relativement calme. Mais le plus gênant c'est la décision du gouvernement d'arrêter les subsides à l'essence, et de doubler les prix d'un coup. C'était dans l'air depuis un moment, ils avaient déjà tenté le coup 1 ou 2 fois par le passé et ont du revenir en arrière. Et là non plus, ça a pas raté: après une semaine de grève, ils ont du négocier: au lieu de doubler, les prix ont pris 50%. C'était peut-être l'idée de départ, mais pour que ça passe ils sont visé plus haut.. ? un peu comme quand on marchande dans un souk. Reste à savoir si ça va tenir, et si on pourra trouver de l'essence, dernièrement c'était la pénurie dans les stations. J'ai croisé des motards à Bamako qui descendaient vers le sud, ils avaient un peu les boules, ça en plus des difficultés à acheter un visa pour l'Angola (et la RDC)..
Pour quitter Abuja, c'est pas compliqué, on prend la super autoroute à 6 voies qui claque. Mais au bled suivant, la police a organisé un check point et le filtrage provoque un embouteillage monstre. Pas facile de remonter les bagnoles avec mon engin surchargé, et comme tout le monde essaie de faire pareil, c'est la guerre. Finalement, quand j'arrive à passer, l'autoroute tourne vers le sud et Lagos: moi je vais vers l'ouest, et donc j'ai loupé la sortie.. putain, faut que je fasse demi-tour, et que je me re-farcisse l'embouteillage dans l'autre sens pour repasser le check point et sortir. Et c'est pas fini, je dois encore traverser un marché qui doit faire au moins 5km de long, et qui dit marché, dit des bus arrêtés partout, des taxis qui roulent à 10 km/h pour guetter le client, des camions qui déchargent et des motos partout. Le bordel, quoi.
Quand j'arrive à m'extraire de la mouise, je retombe sur de la route pourrie de chez pourrie, du goudron qui part en morceaux, avec des trous énormes qu'il faut négocier au ralentis pour pas tout péter. C'est ça, le Nigéria: un revenu de quelques centaines de millions de dollars pour jour venant de pétrole, et 90% des routes complètement à l'abandon (hors Abuja et Lagos). Et 2h d'électricité par jour, au mieux. Les prix bas de l'essence étant le seul bénéfice concret que le peuple tire de l'exploitation du pétrole, il est pas étonnant qu'ils se battent pour lui.
Je m'arrête à midi pour bouffer un truc au bord de la route. Un gamin arrive avec un t-shirt qui vient des stocks de vêtements d'occaze envoyés en Afrique depuis les US, probablement: "Manger sainement, faire du sport, mourir quand même". Je doute fort qu'il ait saisi l'ironie du message dans ce contexte..
Je reprends la route et trouve un raccourci par la piste. C'est pas brillant mais c'est toujours mieux que le goudron défoncé.
Finalement je rejoins la route juste avant la frontière, je profite de faire le plein au prix nigérian. Enfin pas tout-à-fait, la proximité de la frontière fait grimper les prix: 100 nairas au lieu de 75 en général. Bon, toujours moitié prix par rapport au Bénin.
Le poste frontière à pas l'air très fréquenté, les douaniers font pas d'histoire et je passe en douceur. "Bonne arrivée!" me lancent les douaniers béninois, je suis pas fâché de parler en français, même si, bon, il faut un peu s'adapter au français local. Mais ça peut pas être pire que le Marseillais, fan de pute. Par contre, pas de changeur pour acheter des CFAs et me débarrasser de mes derniers nairas. D'habitude je me fait assaillir, mais évidemment quand j'en ai besoin, y'a dégun. Je pousse jusqu'au prochain bled et vais négocier une chambre à l'hôtel du coin. Quand on est d'accord sur le prix, je lui annonce qu'il faut d'abord que je change pour le payer: pas de bol, c'est le week-end et les banques sont fermées. Visiblement y'a pas de bureau de change ici. "Il n'y a pas de problème" comme ils disent tout le temps ici, il va voir un keuf qui sirote sa bière à la terrasse, qui lui va aller voir son chef, qui pourra me dépanner.
Effectivement, 1/2h plus tard débarque la big Merco et des larbins m'amènent à la porte arrière, où sa seigneurie le Chef de la Police reçoit (sans sortir des sièges en cuir). Il tire une énorme liasse de CFA de son boubou et me change mon bifton à un taux correct. Y'a pas à dire, ça rapporte, d'être flic dans ce pays..