J'ai le plaisir de recevoir la visite de Cécile à Addis, elle me rejoint pour quelques semaines de voyages à 2. C'est une super bonne nouvelle, mais ça impose aussi quelques compromis: comme la moto est surchargée avec 2 clients et leurs bagages (même si Cécile s'est auto-censurée sur les sacs à mains et les talons), on ne peut plus prendre que les routes goudronnées et les pistes bien entretenues. Ok, les routes en Ethiopie sont pas si mal, mais ça reste l'Afrique, et il se trouve que entre l'Ethiopie et le Kenya, on a un passage obligé sur la route la plus merdique du Caire au Cap. C'est complètement suicidaire de la faire aussi surchargé, à moins d'exploser la machine - voire la passagère, il faudra donc trouver un plan B.
Mais pour l'instant on décide d'aller faire un peu de trekking dans les montagnes. Ca permet de faire un préparation pour un trek suivant dans les Rwenzoris, mais c'est aussi de changer de rythme, après 6 mois de route. Il y a 2 parcs nationaux pour ça en Ethiopie, les Simien au nord et les Bale au sud. Comme je reviens du nord, j'avais pas trop envie de me farcir 1000km pour y retourner. Donc départ pour les Bale, au sud, un massif isolé autour de 4000m d'altitude. On y arrive pile au moment du Noël Ethiopien: pas vraiment excitant, la région est majoritairement musulmane. Tous les touristes sont à Lalibella pour les célébrations chrétiennes, nous on à droit à un petit sapin de Noël en plastique et une bière. Moi ça me va très bien comme ça.
Et pas un animal à voir, notre guide un peu miro a passé son temps derrière ses jumelles à chercher un loup (spécialité du coin), mais tout ce qu'on a vu c'est des mulots et des vaches. Finalement c'est à l'entrée du camp qu'on a pu voir des bestioles un peu plus exotiques (dont j'ai déjà oublié le nom), pas besoin de se palucher 200 bornes à pied pour ça.
De retour sur la route, on descend plein sud et le paysage devient de plus en plus désertique. On croise des termitières géantes et des mecs à poil qui ramassent du sel au fond d'un lac.
Et d'autres trucs sympas qu'on lit dans le guide, mais pour lesquels on doit douiller chaque fois, donc on préfère garder notre argent pour quelques spriss, on s'en lasse pas (et on fait bien parce que au Kenya c'est fini).
La route est bonne et asphaltée jusqu'à Moyale, à la frontière kenyane, donc pas de problème particulier, sauf que je me tape une bonne poussée de fièvre donc on passe 2 nuits dans ce bled particulièrement merdique. Et même une nuit de plus pour Cécile, puisque à cause de la grasse mat' des douaniers, on loupe le bus du coté kenyan. Comme je le disais en remarque liminaire, on attaque le dur du coté Kenyan: plus d'asphalte, et une piste très mal entretenue qui est soit de la tôle ondulée très marquée, soit des grosses ornières de camion remplies de cailloux très cassants. Donc pour Cécile - et une partie des bagages - c'est l'occasion de tester les transports publiques. Pas forcément tellement plus confortable pour elle (faut lui demander ce qu'elle pense de la pop kenyane à 120 décibels), mais beaucoup plus sûr, pour elle comme pour moi et ma bécane.
Je fais 250km le premier jour, à 30 km/h de moyenne à peine. Ca commence pas trop mal, mais ça devient se gâte très vite quand on commence la traversée d'un désert de rocaille, donc en plus d'être pénible c'est particulièrement chiant.
Je réussis à me vautrer qu'une seule fois, et c'est pas grâce aux 4x4 de l'ONU qui roulent à donf sur la tôle ondulée (ils s'en foutent de casser leur caisse, elle est pas à eux), me croisent ou dépassent à quelques centimètres et projettent des grosses pierres qui manquent ma bécane (et me genoux) de peu. Vu mon départ tardif, à cause des procédures de douanes du coté éthiopien, et le temps de trouver un hôtel pour Cécile, il me manque 1 heure pour arriver à Marsabit et je préfère camper dans la pampa que de rouler de nuit. Déjà que de jour c'est tendu, alors de nuit..
Le lendemain, la route top-merdique continue pour 120km avec de la tôle ondulée très pénible. Impossible d'aller à fond comme les 4x4 pour "surfer" sur les vaguelettes, trop dur pour les amortos et trop dangereux. Pas possible de rouler au pas non plus, il faut un minimum de vitesse pour garder les contrôle. Et cerise sur le gâteau, une crevaison à 300m du début du goudron. Heureusement, le service d'assistance rapide BMW arrive sur place pour me donner un coup de main pour le regonflage du pneu.
Les chinois ont bien bossé, les derniers 130 km jusqu'à Isiolo sont un vrai billard, et le trafic est minimal (forcément, vu l'état de la route). Je décompresse donc un peu après l'épreuve de la piste, et je roule décontracté. En approchant de Isiolo, je remarque un âne au milieu de la route. Pas de problème, en Ethiopie il y'en a des milliers, et en général ils posent pas de problème: ils sont habitués au trafic, tu passes derrière et ils bronchent pas. Sauf que là, l'âne semblait un peu gros pour un âne. Et en m'approchant je vois comme des rayures noires et blanches.. oops merde, un zèbre! et ce con panique en me voyant arriver, fait demi-tour et m'arrive en pleine tronche. Je plante les freins et l'évite d'un cheveu, surtout ses sabots qui passe pas loin quand il envoie un ruade pour se protéger. Bon ben on est plus en Albanie, hein, il faut faire avec la vie sauvage, surtout quand la route longe un parc.
Le lendemain je retrouve Cécile de qui je n'avais plus de nouvelles, vu que son téléphone est tombé en rade. Tout va bien, on recharge la bécane et on reprend la route sur du goudron pas trop mauvais, direction l'équateur pour ZE photo obligatoire du touriste moyen.
Bon, ça c'est fait.
Le Kenya, c'est donc le pays du safari et des fauves. Le problème, c'est que leurs bêtes sont stockées dans des parc nationaux, et que les prix d'entrée sont complètement dissuasifs, et comme ils laissent pas rentrer les motos il faut aussi louer une bagnole. On laisse ça aux Américains et Européens qui voient pas le problème à payer 75$ par jour pour faire leur photo d'un lion au milieu de 12 minibus. Pour ça je vous laisse aller voir sur google ou ici.
On arrive quand même à dénicher un petit parcounet pas trop cher (Hell's Gate, 25$) où on peut rentrer en voiture, mais aussi en vélo ou à pied. Ok, donc en moto c'est aussi possible ? non, désolé, il faut aller en voiture ou en vélo. Ok, c'est la logique Africaine, on loue donc 2 vélos et on va se promener. Et on a pas regretté, parce que même si y'a pas de lions - ou plutôt grâce à ça - on peut se promener librement dans être contraint de s'entasser avec des Allemands en short dans un minibus pourri et suivre l'itinéraire prévu. C'est quand même unique de pouvoir aller voir les zèbres, les girafes et les buffles de près.
Enfin, pas trop près quand même pour les buffles, c'est un peu nerveux ces espèces de grosses vaches. Il parait qu'il y a plus d'accidents chaque année dus aux buffles (et aux hippopotames, mais ça c'est pour plus tard) qu'aux grands fauves, donc je fais quand même un peu gaffe.
Ceci dit, le Kenya c'est pas super-sympa, et quand même assez cher. Il faudra que je passe à Nairobi de toute façon pour faire un peu de maintenance et acheter un pneu avant, seule endroit avant l'Afrique du Sud, mais pour éviter à Cécile un nouveau séjour dans un repaire de bikers et 4x4istes aux mains pleines de cambouis, on shunte Nairobi et on trace vers l'Ouganda, qui est depuis le début un des buts du voyage. Je reviendrai à Nairobi faire ma mécanique une fois que Cécile sera rentrée, le truc sympa avec le Kenya c'est qu'ils m'ont donné un visa de 3 mois et à entrées multiples, pour autant qu'on reste en Afrique de l'Est, donc j'aurai pas à repayer 50$.
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