Un des objectifs premiers de ce tour en 4x4 est d'aller dans les endroits difficiles d'accès où le chleuh lambda ne met pas les pieds, et où on peut encore trouver des paysages vierges de clôtures, des animaux sauvages et des tribus qui ne savent pas que Manchester United joue contre Barcelone en finale de la Champions League. C'est vrai au fait, faudra que je trouve une télé pour voir le match..bref.
C'est aussi un endroit où on vient pas en coupé sport, le 4x4 avec rampante est complètement indispensable.
C'est clair que en bécane je l'aurais chier grave. Mais on n'en est pas encore là. On reste sur le gravier (un anglicisme pour dire une piste non goudronnée mais tassée et aplanie) direction Purros, route qui se dégrade très vite, signe qu'on n'est plus sur le circuit touristique habituel. En chemin on rencontre quand même nos premières girafes sauvages, ce qui est quand même plutôt cool. Je les appelle "sauvage" par opposition aux animaux semi-apprivoisés des parcs comme on verra à Etosha, qu'on peut presque toucher de la main. Ici, impossible de les approcher à moins de 100m, elles sont très frileuses.
A Purros on quitte le Damaraland (pays des Damaras) et on entre dans le Kaokoveld, la partie la plus au nord (-ouest) du pays et la moins développée, où habitent les Himbas. Purros est assez typique des villages paumés: quelques cabanes pourries posées dans le sable, un bar avec un billard et de la musique à 120 db, et un lodge un peu plus loin. Je vais me renseigner sur l'état des pistes le long de la rivière Hoarusib, être sûr que c'est passable. Je trouve un gars du lodge au bar, et il me dit que "no problem". Bon. J'ai la trace sur mon GPS, allons voir.
On passe 1 ou 2 villages avec un panneau "traditional Himba village". Si ils le mettent c'est que ça doit faire partie des excursions du lodge. Après les villages, la piste est un peu plus difficile à suivre, on passe et repasse la rivière, pas encore à sec à cette saison, on essaie de trouver les berges sablonneuses un peu plus faciles. Les paysages sont superbes, mais pour l'instant pas trace de vie. L'endroit est pourtant réputé pour abriter des éléphants du désert, une spécialité du coin. Les seuls en Afrique qui se soient adaptés à la vie dans le désert.
On hésite un peu sur le chemin à prendre: au rythme où on avance on risque d'y passer 3 jours si on veut remonter la rivière jusqu'au bout. Mais pour l'instant, il faut trouver un coin sympa pour installer le camp. On a vu pas mal de merdes d'éléphants sur le lit de la rivière, du coup ce serait peut-être plus tranquille de se mettre un poil à l'écart, des fois que ces bestiaux se prennent les pieds dans les tendeurs de la tente.
A quoi on reconnait une merde d'éléphant ? eh ben disons que quand on voit la taille, on élimine d'office les renards et les écureuils.
Un bon poste d'observation. On sort les bières et on attend la visite.
Dégun. Braai et au lit. Cécile rêve d'éléphants qui défilent devant la tente, moi je ronfle. Le lendemain, on va regarder si y'a des nouvelles traces de pattes, ou des bronzes tous neufs: macache, à priori aucun éléphant n'est passé pendant la nuit.
Le lendemain on repart en zigzaguant au fond de la vallée, un peu dépités. Jusqu'à ce qu'on tombe quasiment nez à nez avec un groupe de d'éléphants énormes qui se baladent à la fraîche.
Belles bêtes quand même. On sort de la voiture (on est pas dans un parc, on fait ce qu'on veut) et on regarde un peu à distance.
A distance, hein, Cécile. On n'est pas là depuis 5 minutes qu'on entend un moteur de voiture.. mais c'est pas vrai, la première qu'on rencontre depuis 24h, et c'est maintenant qu'ils viennent nous emmerder ? Elle nous rejoint avec peine, heureusement les éléphants en ont rien à battre, ils continuent bêtement leur chemin en bouffant des branches par-ci par-là. Sort de la bagnole un couple de Québecois qui se démènent pour installer un appareil photo sur un trépied. Ils ont du entendre qu'on devenait tout d'un coup un meilleur photographe si on avait un trépied ? Personnellement, je me sens plus libre sans.
Arrive aussi leur guide local, qu'ils ont engagé au lodge de Purros. Un peu emmerdé, le guide, de voir que 2 touristes on trouvé les éléphants tous seuls et avant lui.. en plus il chie dans son froc quand un éléphant un peu plus curieux fait mine de venir vers nous et gueule de se tenir à distance. Les éléphants, à moins que tu sois sur leur chemin, ils t'ignorent royalement.
Les Canadiens voulaient faire le même parcours mais se sont chiés dessus. Le guide nous rassure quand même sur le chemin à suivre - effectivement, on trouve un peu plus loin un raccord qui n'est pas sur mon GPS et qui nous arrange bien.
En route, on croise un campement de Himba et on s'arrête pour discuter le bout de gras. Ca parle pas trop l'anglais, en fait les Himbas rejettent en grande partie la modernité et les cultures étrangères, ils vont peu à l'école non plus. Toutes les femmes Himbas qu'on a rencontrées ont gardé la tenue traditionnelle Himba, tandis que les hommes sont en général habillés à l'européenne.
J'émets quand même des réserves quand au choix du maillot de l'Equipe de France, j'imagine que la gars a pas vu la dernière coupe du monde.. Les femmes donc se tartinent le corps de gras mélangé à de l'ocre, qui leur donne une couleur de peau rouge. Mais le plus fascinant c'est leur coiffure.
Je sais pas comment ils font tenir ça, mais ça a de la gueule. Elles arrivent quand même à demander un cadeau. Je suis pas pour leur filer des thunes, ça donne des mauvaises habitudes (y'a qu'à aller en Afrique de l'ouest pour comprendre). Mais on leur file un peu de bouffe, des patates. Ca a l'air de leur faire plaisir, on espère qu'elles savent comment les cuire, parce que ça doit pas trop pousser par ici.
On retrouve le gravier à mi-journée et on pose la camp dans la pampa, pas loin d'un village. Un gars arrive pour demander ce qu'on fout ici. C'est vrai qu'on n'a pas demandé la permission, mais on n'a pas traversé le village non plus. En fait il maronnait pour le principe, il est cool et il nous donne sa bénédiction au nom du village pour rester ici.
Le lendemain matin on arrive à Opuwo, la capitale du Kaokoveld, étape nécessaire parce que c'est là qu'on trouve la seule pompe à essence de la région. Et un super-marché. Et un "bottle store", évidemment, on fait le plein de bières. Opuwo est connecté au reste du pays par une route goudronnée, donc les touristes qui veulent visiter les Himbas passent par là et prennent un guide pour aller dans un village alentours. Usine à fric, pas tellement pour nous. Sinon, c'est assez marrant de voire les femmes se promener à poil dans les super-marché à coté des touristes en short. Et des femmes Herero habillées comme à l'époque victorienne. Tiens, c'est vrai, j'ai pas de photo des femmes Herero. Pas grave, allez voir sur google.
Après un petit tour sur internet pour que Cécile réponde à quelques mails urgents, on repart sur la route qui mêne à Epupa Falls, très bonne parce que c'est très touristique. Il faut encore qu'on fasse le plein d'eau, on sait jamais (pour le pastis, notamment). La Namibie est un pays sec, et quelques fois on a vu qu'ils faisaient payer l'eau à la station service. Mais ici ça manque pas, le puits est juste à coté de la route, et y'a même des gamins qui se font un plaisir de jouer aux Shadoks.
50km plus loin, on pique plein ouest direction le Van Zyl pass, le col le plus merdique de toute la Namibie, très déconseillé aux néophytes. Donc on y va, bien entendu! Sauf que, comme on va le découvrir, c'est aussi toute la "route" d'accès - 80 km - qui est dans un état catastrophique. On est en 1-2ème, souvent en rampante quand il y a des énormes rochers au milieu de la route, c'est pas du 4x4 de tarlouze.
Après 2h on a fait moins de 50 km, le soleil est déjà bas et on est crevé.
On décide d'aller voir si on peut se poser vers un village. Le "village" est composé de quelques groupes de maisons, entourées d'une clôture en branchage. Ils sont un peu surpris de nous voir, et personne parle anglais; difficile de leur faire comprendre qu'on veut dormir ici, alors on monte la tente juste en dehors de la clôture - à la tombée de la nuit ils ramènent leur troupeau à l'intérieur, donc on est mieux à l'extérieur. Peu après arrive un gars qui parle un peu anglais, il nous dit que c'est OK de camper ici.
On fait du thé, et on va le partager avec eux. Ils acceptent volontiers, mais ils ont un peu de mal à trouver 2 tasses pour le boire.. difficile de voir ce qu'ils mangent, finalement on les laisse tranquille avant qu'ils rentrent les animaux pour aller faire notre braai. Tout ce qu'on a vu c'est des épis de mais et une calebasse avec une espèce de fromage ou lait caillé. Evidemment, si on avait pris le tour des village dans une agence, on aurait eu un guide qui nous aurait expliqué 2-3 trucs, et traduit nos questions. Mais on préfère comme ça, être en contact direct, essayer de communiquer avec des gestes et deviner les réponses. Et en plus ils demandent pas du pognon quand on fait des photos!
Un seul gars est habillé traditionnellement, ça a l'air d'être le patriarche. Pas très loquace, mais pas chiant non plus. En fait, il se fout complètement qu'on soit là. Difficile de voir qui habite là ou pas, qui est la femme de qui.
En tous cas, il y a pas mal de jeunes gamins qui gravitent là-autours.
Les plus vieux arriveront plus tard avec le bétail.
Finalement ça s'est passé très naturellement et sans histoire. Le lendemain matin il fait vachement froid, je sais pas comment ils font à dormir par terre à poil dans juste une couverture, dans leur hutte minuscule en terre. Le patriarche vient nous voir, on lui offre une tasse de thé qu'il boit sans rien dire et repart. Les nanas et les gamins viennent aussi nous rendre visite, curieux de voir ce qu'on fait. Cécile est en train de se maquiller, ce qui a l'air d'intéresser les femmes. Du coup, elle leur donne un coup de crayon autour de l'oeil, elles ont l'air très flattées.
Les gonzesses.. toutes pareilles. Les mecs sont un peu plus coincés, faut dire aussi qu'ils boivent pas de bière et qu'ils regardent pas le foot. De quoi on pourrait bien causer ?
On repart avec regret mais on a encore pas mal de route jusqu'au col, si on peut appeler comme ça les tas de cailloux entassés à la va-vite.
J'espère que le loueur voit pas ça. En route on s'arrête dans un autre village, c'est plus sympa que au milieu de nulle part. Eux aussi ont l'air d'apprécier d'avoir quelque chose qui bouge dans le village.
Cette fois, une femme nous fait comprendre de venir voire sous une hutte. On voit une femme très jeune avec un nouveau-né dans les bras. Par mime, elle nous explique que le bébé a des problèmes à se nourrir, et qu'ils voudraient des cachetons. Si y'a un truc qu'ils ont compris, c'est que l'homme blanc a des remèdes miracle. Peut-être, mais nous on n'a pas pas grand-chose comme médoques, et surtout pas pour un bébé, malheureusement. Ils sont déçus bien sûr, et nous un peu tristes pour le minot. La plus proche clinique est à une journée de bagnole, pour autant qu'il en aient une. Peu probable que le gosse verra un docteur. On refile quand même une boîte d'aspirine à l'adulte, qui se plaint de douleurs, c'est tout ce qu'on peut faire.
La bagnole encaisse tout ça sans broncher, le protège-carter frotte un peu mais ça passe. Solide ces Toyotas. En arrivant au col, on s'attendait au pire, après tout ce qu'on avait lu. Le GPS marque "extremely dangerous". Bon, effectivement, c'est assez raide, mais après tout ce qu'on a subit ces derniers jours, on est moins impressionnés.
La descente en rampante se fait sans soucis. En bas on trouve un tas de galets sous un arbre, la coutume semble-t-il est de laisser son nom écrit sur une pierre, trop fier d'avoir vaincu ce fameux col.
A partir de là c'est tout plat, on entre dans la vallée du Marienfluss, qui va jusqu'à la Kunene, qui marque la frontière avec l'Angola.
Comme ailleurs dans le pays, les herbes sont très hautes. C'est un peu dommage, je m'attendais à quelque chose de plus désertique. Mais c'est quand même assez spécial. La piste est sablonneuse et en très bon état, on peut se faire plaisir et envoyer pour arriver avant la nuit au camping.
En fait c'est interdit de camper dans la vallée en dehors des campings organisés. Le camping au bord de la rivière est encore à moitié détruit suite aux cries de ces derniers mois. Ils ont construit le camping un peu trop près, mais en même temps il parait que des crues comme ça il faut remonter à longtemps pour en retrouver.
On explore ensuite une vallée parallèle, la Hartman Valley. On voit pas mal d'animaux, oryx, springboks, autruches.
Le bout de la vallée est bloquée par une série de dunes de sable mou qui sont pas évidentes à traverser. Faut dégonfler, et prendre de l'élan. Mais c'est magnifique. Au fond, les montagnes d'Angola.
Le premier camping est privé, on nous renvoie en arrière. Re-passage de dunes, toujours sans s'ensabler (la classe). On passe un panneau "strictly no entry", donc on en déduit que ça doit mener à quelque part ?
Eh ben oui, ça mène à piste qui descend une énooorme dune de sable bien mou. Cécile est pas convaincue.. exclu de vouloir remonter, faudra bien trouver une autre route pour revenir! Le lodge est pas loin sur le GPS, au pire on rejoint à pied et on verra demain. Mais ça passe bien, on roule tranquille jusqu'au lodge. Les gars sont un peu surpris de nous voire débarquer, parce que les bâtiments sont en réfection, eux aussi se s'ont faits inonder par les crues.
L'endroit est magnifique, et ils nous indiquent un endroit où poser notre tente, pas trop près de la rivière à cause des crocos. On espérait un peu qu'ils nous prêtent une chambre encore intacte.. mais on apprendra le lendemain que c'est un lodge de luxe à 1000€ la nuit.. gloups! Heureusement qu'ils sont en fermés sinon ils auraient peut-être pas trop apprécié de voire débarquer des clodos au milieu de leurs millionnaires.
Le lendemain matin: brouillard. Bon, on aura tout vu. Reste plus qu'à revenir sur Opuwo, et boucler notre tour du Kaokoland. La piste de ce coté-là est nettement meilleure mais ça nous prend quand même 1 jours 1/2. A Opuwo on fait le plein et on retrouve nos petites Himbas vendeuse de bracelets.
Cette fois on va jeter un oeil au lodge: bien au-dessus de nos moyens, mais ils ont un camping pas cher, et on peut bénéficier du bar et de la piscine à débordement comme les riches. Yess.
Le prochain objectif est Etosha, on repart vers le sud en faisant un grand détour pour entrer par la porte sud. Etosha est un parc super-touristique et très organisé, avec 3 campements qui sont en fait des petites villes, avec bungalows et camping, mais aussi station service, supermarché et restaurant, tout ça entouré par une clôture. Qui est fermée du coucher de soleil au lever, mais le grand intérêt de ces campements est qu'ils ont créé des waterholes artificiels (l'eau est pompée) et éclairés pendant la nuit, période pendant laquelle les animaux viennent s'abreuver. Sauf qu'actuellement, le reste du parc a été suffisamment arrosé pour réduire l'attrait de ces trous. On le saura pas, parce qu'on décide de camper juste à l'extérieur dans une réserve de chasse privée, et faire une journée dans le parc. C'est nettement moins cher, et si ça nous plait on peut toujours essayer de trouver une place de camping, c'est pas encore la haute saison dpnc ça devrait être possible.
Effectivement, c'est blindé de bêtes sauvages. Enfin, sauvages, comme je le disais, elles sont tellement habituées aux trafic de bagnoles et de bus qu'il faut presque sortir botter le cul aux zèbres pour qu'ils se barrent de la route.
On voit les mêmes animaux qu'on a déjà rencontré, girafes, zèbres, springboks, oryx, kudu, etc.. mais en plus grande concentration. En circulant sur un chemin, on voit 2 bagnoles arrêtées qui photographient le bord de la route. C'est un signe. On s'arrête et ils nous montrent une espèce de buisson un peu plus loin: "lion". Bon, d'accord, y'a une espèce d'ombre qui bouge à peine. Big deal, ça pourrait être un chien ça serait pareil.
On a pas été complètement époustouflé par la visite, surtout qu'on n'a pas vu les stars du coin, les lions, les léopards et les rhinos. C'était super sympa mais on a été un peu gâté par les jours précédents, ce serait différent si on venait de débarquer de l'avion. On reprend la route, direction le Caprivi Strip et le Botswana (si vous êtes perdus, retournez voir la carte).
Mais auparavant il faut que je passe à Oshakati, au consulat d'Angola qui soi-disant doit pouvoir me faire un visa sans problème, selon l'ambassadeur au Mozambique. Accueil très très froid du préposé: d'abord, la lettre d'invitation avait la mauvaise adresse: ils avaient marqué "ambassade" et pas "consulat".. je rappelle l'agence qui me fait une correction vite fait, je rapporte le papier et le gars me dit de revenir demain pour obtenir le formulaire (?). Je reviens le lendemain, et là:
moi: "Have you checked the LOI?"
lui: "Wait" (part fouiller dans sa paperasse et revient en lisant la lettre)
lui: "Which nationality ?"
moi: "Swiss"
lui: "You have to get your visa in Sweden"
moi: "I'm not Swedish, I'm Swiss, from Switzerland, and I can't go back just to get a visa"
lui: "Why haven't you gotten your visa before leaving Sweden ?"
moi: "... ok, now how can I get a visa ?"
lui: "Impossible" (commence à discuter avec une autre personne en m'ignorant)
Bref, une grosse perte de temps, et Maputo et ici. Finalement faudra peut-être que je renvoie mon passeport en Suisse pour l'avoir, ce visa, mais maintenant c'est impossible parce qu'on part pour le Botswana et le Zimbabwe.
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