Sunday, March 6, 2011

Vamos a la Praia

4000 km de Nairobi à Maputo, de l'équateur au tropique du Capricorne, 4 pays, 210$ de visa et 175l d'essence. Rien de très excitant mais j'ai le temps, alors je rempli mon blog quand même.


A Nairobi je vais planter ma tente à Jungle Junction, un de ces endroits super connus où tous les overlanders (y'a pas de nom pour ça en français ?) passent. Il est tenu par Chris, un allemand mécanicien moto spécialiste des BMW. Donc pour moi c'est vraiment idéal. Mais il a aussi de la place dans son jardin pour des 4x4 ou des camions. Il peut aussi garder les véhicules en dépôt, donc certains font la moitié du chemin, reprennent l'avion pour bosser un peu et reviennent l'année suivante pour continuer la route. Y'a même un 2DM de l'armées suisse, c'est vrai que ça passe partout ces bêtes et ils sont vendus pas trop cher par le surplus de l'armée.


Quand je suis arrivé, c'était relativement calme, mais petit à petit c'est parti en couille. D'abord un 4x4 suisse-allemand est arrivé juste à coté, puis c'est un 4x4 teuton qui s'est garé quasiment à toucher ma tente. Ils me cherchent ou quoi ? Et qu'est-ce qu'ils ont tous a peindre des rayures pseudo-zèbre sur leur carrosserie, sous prétexte qu'ils vont en Afrique ? et le pire c'est quand ils mettent l'adresse de leur site internet pourri ich-bin-ein-Chleu-in-Afrika.de. Est-ce que je peints des bouteilles de bière sur ma bagnole quand je vais à Munich ? et faut voir l'état du gazon après un orage et leurs créneaux de blondes.

Jungle Junction est dans un quartier tranquille et plutôt rupin de Nairobi, et comme les expats ont besoin de claquer leur tunes, on leur a construit un centre commercial tout beau où on trouve de tout. Y compris du Gruyères (du vrai importé de Suisse, pas avec des trous comme la daube qu'on nous vend en France), de l'huile d'olive, du parmesan.. le tout à peu près au double du prix européen, ça nous fait le plat de spaghettis à au moins 10€.. mais je m'en fous ça en valait la peine.

Au total y'avait surtout des 4x4, et ça parlait surtout allemand et afrikaans. J'ai rien contre les quat-quatristes, ils ont choisi un moyen idéal pour voyager à deux, mais c'est quand même pas la même mentalité que les motards. Heureusement il y avait aussi quelques motards sud-africains, dont Michnus et sa femme, en route pour l'Europe. Je me souvenais de Michnus et ses potes déjantés après avoir lu le récit de leurs aventures postées sur internet par son beau-frère Metal Jockey. Leur trip en Angola est déjà mythique. Là ils finissaient un peu de mécanique, on a juste eu le temps de boire une ou deux bières et ils sont partis pour l'Ouganda. En même temps le camping s'est rempli de véhicules complètement nuls dont 2 camions remplis de minots.. pour couronner le tout il a commencé à pleuvoir des cordes, donc le living était devenu invivable. Chris avait fini ma bécane et j'avais changé mon pneu avant, alors profitant d'une accalmie dans le ciel, je plie et me barre tranquilos direction la Tanzanie, qui n'est pas très loin. En route je m'arrête pour boire un coup et c'est là que je rencontre Paf la tortue. Vous connaissez pas Paf la tortue ?

 Eh ben c'est une tortue qui traverse la route, un camion arrive et..
paf la tortue!

Le temps est nuageux quand j'arrive au pied du Kilimanjaro, et pourtant le sommet est dégagé ce qui est assez rare. Il pleut encore pendant la nuit, et le lendemain c'est pas beaucoup mieux, mais bon, y'a rien à faire ici à part monter sur le Kili (et lâcher 1000$) alors je plie la tente encore mouillée, j'enfile la polaire parce que ça caille et go.



J'ai le choix entre 2 routes: la route principale qui passe par Dar Es Salaam sur la côte, ou la route secondaire qui traverse le pays du nord au sud en passant par Dodoma, la capitale. Je connaissais pas trop l'état de la route de Dodoma, mais je me sentais pas trop de faire 1500 km de goudron non plus. En temps normal le choix serait vite fait, mais là y'a un problème:  la Tanzanie est juste à la frontière entre les 2 climats de l'hémisphère nord et sud: dans ces régions tropicales il fait beau en hiver et pluvieux en été, donc je rentre en plein dans la zone humide en descendant vers le sud. Et qui dit humide dit mou sur la route et galère si on s'écarte de l'asphalte.

Le temps se met plutôt au soleil, donc je prend la route au sud. La route passe vite du goudron à une piste en assez mauvais état, mais elle a un peu séché alors ça passe pas trop mal entre les trous. Après Dodoma par contre, la piste est belle et je peux envoyer un peu. Ca fait toujours plaisir de passer la 6 sur une piste déserte. Pas tout-à-fait déserte pourtant, je croise 2 motards américains en route vers le nord, on cause 2 minutes et je repars. Après 700km de piste en 2 jours je rejoins la route goudronnée, je décide de prendre une chambre dans un hôtel au bord de la route plutôt que de camper. Bien vu, on se faire rincer par un putain de méga-orage qui nous envoie des tonnes d'eau sur la gueule. Eh ouais, c'est ça la saison des pluies.


La Tanzanie est assez chiante si on peut pas se payer un safari dans un parc, ou qu'on a pas le besoin d'aller rouler des tarpés à Zanzibar. Ok y'a des jolis baobabs dans un paysage verdoyant (vu la saison) mais après 3 jours je me retrouve tout naturellement à la frontière du Malawi, voilà pour mes 50$ de visa. J'aurais aussi pu passer par la Zambie à l'ouest ou le Mozambique à l'est, mais en saison des pluies j'essaie d'éviter le mou. Le goudron passe par le Malawi. Par contre, j'avais zappé un petit détail: tous ceux que j'ai croisé sont rentrés au Malawi comme papy dans la bonne, pas besoin de visa, et c'était un peu rentré dans mon subconscient. C'est vrai pour presque tous les pays européens sauf pour la Suisse! il semblerait qu'on se soit de nouveau fâchés avec quelqu'un.. bon, le dernier avec qui on s'est embrouillé a des petits soucis chez lui en Libye, mais au Malawi, en principe, c'est la démocratie.


Manque de pot ils donnent pas de visa à la frontière. Ooops, c'est vraiment la louse, l'ambassade du Malawi est à Dar, à 900km. Faut même pas y penser, je préfère encore faire le tour par la Zambie. Finalement en discutant un peu, et même sans sortir de biffons, on trouve un arrangement: le douanier, magnanime et superbe, me fait une autorisation d'entrée de 4 jours pour me permettre d'aller chercher mon visa a Mzuzu, la préfecture au nord du Malawi. Ok, je préfère ça, même si le visa est à 70$, ça fait finalement moins mal au fion que 1800 km de route.



Le Malawi est un peu montagneux au nord, et ça attire les nuages. Il pleut tous les jours, mais heureusement plutôt la nuit et j'arrive à rouler la journée à peu près au sec. L'avantage de la saison des pluies, c'est que les champis poussent. Faut pas déconner, j'ai pas été me promener en forêt dans la gadoue avec mon petit panier, on trouve des mamis qui vendent ça au marché pour pas un rond, alors faut pas se priver.



Je fais un arrêt à Lilongwe pour prendre un visa pour le Mozambique (on peut l'avoir à la frontière, mais je fais gaffe maintenant, et il parait que c'est plus cher). Le camping en pleine ville est OK mais envahi par des djeunz qui voyagent en camion. Parmi les overlanders je croise un motard allemand (décidément), un cycliste français un peu mou du bocal et un néo-zélandais en Land-Rover. Au moins y'a la télé dans le bar, et vu qu'ils sont fans de la Premier League je peux voir OM - MU. Le spectacle est particulièrement chiant d'ailleurs, forcément avec 2 équipes qui jouent derrière. Enfin, on est pas là pour parler foot.



Le Malawi est pas vraiment riche en ressources, à part le tourisme ils exportent un peu de tabac et ça doit être tout. Pourtant ils vivent pas trop mal, on voit pas trop d'où ils tirent leur argent. A la frontière, comme d'hab, on se fait assaillir par des mecs qui brandissent des liasses énormes pour changer au black. C'est pratique parce qu'on peut larguer ses derniers biffons du pays qu'on quitte. Moi j'aime bien les claquer en essence, c'est plus facile. Mais là il m'en restait, et donc je commence à discuter avec les gars, En règle générale, ils se gavent bien, donc je m'étais renseigné avant sur le taux officiel, c'était 150 Kwacha pour un dollar. Là bizarrement ils me proposent direct un taux légèrement supérieur.. je flaire l'arnaque et je vais au bureau de change du coin, qui m'offre mieux que les gars, 175 Kwacha pour 1$. Petit à petit je comprends que le taux officiel est uniquement suivi par les banques, notamment quand on tire avec la Visa, le reste du pays utilise le taux officieux beaucoup plus haut. En plus comme la plus grosse coupure est 500K (3$), il parait que les distributeurs sont limités par le nombre des billets à 20'000 K, moins de 100€. Il semble donc qu'ils aient un gros problème de devises, à tel point qu'ils ont plus de quoi acheter de l'essence (comme le Népal quand j'y étais) et pas mal de stations service en dehors des grandes villes sont à sec. Moi j'avais fais le plein en Tanzanie (à 1,3$/l) et j'ai pu arriver jusqu'à Lilongwe avec mes 34 litres, et refaire le plain à 1,7$/l (quand même). Eux  ont pas ce problème, ils font beaucoup de transport à vélo, c'est dingue ce qu'on peut mettre de merdier sur ces machines, pour autant qu'on essaie pas de faire le Tourmalet avec.



Le Malawi, c'est surtout le lac. Il s'appelle Niassa en Tanzanie et au Mozambique, mais ici c'est le lac Malawi et c'est la grosse attraction touristique, en plus d'une source de nourriture importante. Je vais faire un tour à Cape McClear, dans un camping connu des overlanders. Plage de sable blanc, palmiers, eau très claire, ça vaut le coup d'oeil. Oui mais le lac est aussi connu pour la billardoze. Pour le coup il fait grand beau et y'a pas moyen de pas se baigner, alors je profite bien et je compense en bouffant des cachetons. On verra, il parait que ça peut mettre jusqu'à 6 semaines pour se déclarer. Le camping et les guest houses aux alentours sont quasi vides, on est vraiment en basse saison donc je me fais un peu chier. Vu le peu de touristes, je me fais vite remarquer par les vendeurs de bibelots et de beuh. Des souvenirs j'en ai pas besoin, par contre j'engage un peintre pour me décorer un peu mon réservoir, y'a plein de place vide. Le résultat est assez sympa, quand même moins kitsch que les zébrures et les têtes de chameau des 4x4 de beauf.


Le trajet le plus direct pour l'AfSud passe par Harare au Zimbabwe, à travers le corridor de Tete. Faut voir la carte, le tracé des frontières est pas super optimisé, surtout avec la gueule de la Zambie et du Mozambique. Ils auraient du prendre exemple sur les Français, qui ont tracé des frontières à la régle dans le Sahara. Donc la route la plus rapide coupe à travers le Mozambique pour entrer au Zimbabwe et arriver a Jo'burg. Le Zimbabwe ça me dit pas trop, sauf pour Vic Falls mais ça fait pas mal de route juste pour ça. Alors le Mozambique et ses plages sur l'océan indien, c'est tentant. A la frontière du Mozambique, je vois que j'aurais pu avoir un visa pour 30$, moins que ce que j'ai payé à Lilongwe. Bon, bon, et il peut me tamponner le carnet, le senhor ? ah, pas accepté, 5$ pour une autorisation de transit. Okay, on va pas de fâcher pour ça.. et l'assurance ? 23$ ? là ils abusent, j'ai payé autant pour la carte jaune qui m'a fait tous les pays de l'Ethiopie au Malawi.


En plus, vu les problèmes d'approvisionnement les stations coté Malawi n'ont plus d'essence et j'arrive au Mozambique à sec. Problème, y'a pas de stations de ce coté de la frontière, il faut faire 120 km jusqu'à Tete. J'achète donc 3 litres dans des bouteilles de coca au bord de la route à un prix défiant toute concurrence, c'est à dire encore plus cher qu'au Malawi. C'est pas la dernière fois que je me fais arnaquer, un peu plus tard à une station service je mettrai 18 litres dans mon réservoir de 17 litres où il restait encore la réserve. Ils sont forts quand même ces Mozambicains. D'ailleurs ils affichent la couleur sur le drapeau, ils ont probablement rien à envier aux Suisse question armement personnel. En plus ça parle surtout portugais, on se croirait à la migros de Renens (bon, celle-là les Français ils vont pas comprendre).



Le Mozambique est un peu chérot, probablement l'effet des touristes sud-africains plein de tunes et autres expats qui prospectent les minerai pour les entreprises australiennes et brésliennes. Première nuit négociée à 100 meticals au bord du Zambèze, ça va, et en plus je me fais inviter a souper par des merc.. pardon, missionnaires du Malawi. Mais plus on descend, plus c'est cher. 800 pour une chambre-dortoire tenue par des Chleus à Chimoio, 200 le camping à Vilanculos, 400 le dorm à Inhambane (morsure de rat comprise, je vais finir par choper la peste si c'est pas le palu) et 300 au camping à Tofo 1200 km plus loin, au bord de l'océan. J'ai évité le nord du pays; ça a l'air très cool et sauvage, mais avec mes pneus pourris et la saison des pluies, je garde ça pour une autre fois.


Tofo, c'est le must des plages du Mozambique, belles plages de sable et mer chaude, mais ça reste cher, et peu de marge de négociation sur les prix: ils se content d'attendre le retour des touristes sudAfs qui envahissent la pays pendant les vacances. J'évite cette fois le camping d'overlander où y'a que des camions chleus, la plage à coté est plus sympa. Je me suis fait rincer sur la route, mais là le soleil brille alors je nage un peu et je me vautre en testant la "doyche-ème" locale (eh non, pas de Sagres ici) et tchatche avec des hollandais qui descendent à Cape Town en Africa Twin. C'est cool mais quand même moins que en face à Goa (autre restant de colonie portuguaise): c'est deux fois plus cher, il manque les cocotiers et en plus c'est exposé est, donc pas de soleil couchant sur la mer et soleil en pleine gueule le matin. Il parrait que c'est top pour la plongée (si on a les tunes), mais moi je plonge pas, alors je m'en fous.

Dernière étape à Maputo chez les Mocumbi, avant le Swaziland et l'Afrique du Sud.