Sunday, April 24, 2011

Bienvenue chez les Ch'leus



Le Nooooord! La Namibie c'est bienvenue chez les Ch'leus! pas vraiment que les locaux parlent encore l'allemand, ils n'ont été colonisés que 30 ans, et les SudAfs ont viré les casques à boulons en 1915, donc ça parle plutôt afrikaans ou anglais, et il reste que les noms de rue en allemand. Non, c'est les touristes allemands qui débarquent en masse. Je sais pas, ils ont du apprendre ça des Français au Sénégal, ils se croient encore chez eux. Et bien sûr les SudAfs se croient toujours chez eux, mais eux ont été virés que il y'a 20 ans, donc ils ont gardé leurs habitudes de vacances. Et bien sûr ils sont pas les choses à moitié, ils louent un 4x4 tout organisé camping, et débarquent à 2 ou 3 bagnoles en même temps. Ach, les giraves, très choli, mais pas de Léopard, Gross Malheur. Un couple à payé 1700€ pour louer un 4x4 pendant 2 semaines.. évidemment avec un bon salaire allemand, c'est pas un problème. Pour moi évidemment c'est beaucoup trop, mais en faisant un peu moins luxe et en négociant on arrive à moitié prix.



La vie en Afrique du Sud (comme en Namibie), c'est pas vraiment bon marché. Evidemment, pour les européens beaucoup de choses paraissent bon marché, comme la nourriture, l'essence, les hôtels. Mais quand on sait que le salaire minimum ici est aux alentours de 150€, on voit pas comment ils peuvent se payer un KFC à 4€ le menu. Et pour le gars qui veut se la faire rots, c'est pas évident: impossible de manger à 1$ ou 2$ comme dans d'autres pays, on a le choix entre les chaînes de steak house, les pizzerias ou les fast fonds, dans tous les cas on en a pour 6-10$ minimum (ok, j'ai pas été trop traîner dans les townships). Reste à cuisiner soi-même, ce qui est possible dans la plupart des backpackers, ça aide. Mais la nuit elle-même est dans les 12-18$, ce qui est pas donné. Et le camping est à peine moins cher: vu que l'AfSud fait du camping en bagnole et avec toute sa famille, chaque emplacement est immense et quand on est seul on paie quasiment la même chose que pour 4 personnes, sauf exceptions. Alors bien sûr, on a la douche chaude et l'électricité, un minimum pour le campeur du coin. Pour le camping sauvage c'est pas évident non plus, la plupart des routes (même les pistes) sont bordées de part et d'autre par des clôtures pour le bétail. Reste la possibilité de gruger, à la Marseillaise, ça c'est le même tarif. Internet par contre est super-cher, environ 3€ l'heure, alors qu'en Afrique de l'Est c'est dans les 1$ de l'heure.



Donc je remonte gentiment la côte ouest de camping en camping, avec douche chaude et bière tous les soirs, donc le budget en prend un coup. Pas très rots tout ça. Je fais un petit détour en Afrique du Sud pour visiter le Cederberg et quitter un moment la national toute droite. Je laisse de coté le Namqaland et le Richtersveld, pour une autre fois, direction la Namibie sur la N7, toute droite sur des centaines de km. Après la frontière j'ai encore 1000 bornes de goudron jusqu'à Windhoek, mais j'ai encore quelques jours alors je prends les magnifiques pistes pour aller jeter un oeil à Fish River Canyon, un peu le Grand Canyon d'Arizona en plus petit. Et sans les McDos. 




Sur ma route, je tombe ensuite sur un camping au milieu des "Kokerbooms", qui sont assez photogéniques. 



Ils ont aussi des guépards apprivoisés dans un parc, qu'on peut approcher et caresser au moment de la bouffe. Les guépards sont assez sombres en liberté (en dehors des parcs) et une nuisance pour les éleveurs parce qu'ils aiment s'amuser à tuer des moutons pour le plaisir. Donc ils se font buter par les éleveurs (c'est pas illégal), ou capturés petits et élevés en captivité.



Reste plus que 500 bornes, cette fois j'avale du bitume pour arriver vendredi à Windhoek et avoir le temps de m'organiser un peu avec le dealer BMW, l'ambassade d'Angola et faire un peu de shopping. C'est raté parce que j'avais juste zappé que c'est Vendredi Saint et c'est férié. Comme le Lundi de Pâque d'ailleurs. Cécile arrive lundi matin par avion, mais faudra attendre mardi que j'ai fait mon business pour qu'on puisse se barrer en bakkie. 



Ah oui. Le bakkie c'est une institution en Afrique du Sud et en Namibie, un peu comme dans l'ouest américain, où ils appellent ça un pick-up truck. Il y en a des petits 2x4 sur base de Corsa ou Polo, mais la majorité c'est des gros 4x4 genre Toyota Hilux. Donc on va faire comme tout le monde, on va louer un bakkie pour 5 semaines et faire des vacances "comfort".

La caisse, ça permet aussi de rentrer dans les parcs nationaux où ils ont des grosses bébêtes qui mangent du touriste, comme Etosha, et où ils refusent les amuses-gueule genre motards. Raison pour laquelle j'ai laissé de coté Kruger et les autres parcs en AfSud. 

Quoique la saison ne soit pas idéale pour aller voir les lions. La saison des pluies a été très intense et a duré plus longtemps que prévu: il pleut encore actuellement, alors que ça devrait être sec. La pluie fait pousser les herbes qui atteignent facilement 1m - 1m50. Pour les girafes, ça va, mais les lions tu peux passer à 5m sans les voire. D'autre part ils ont organisés des "watering holes" dans le parc, pour inciter les animaux à aller boire à certains endroits précis, et bien entendu avec des routes pour y amener les touristes. Et même éclairés la nuit, à Etosha. Mais quand il pleut ils perdent de leur intérêt pour les animaux qui trouvent de l'eau un peu partout.



Wednesday, April 20, 2011

Lekker!


En Afrique du Sud heureusement tout le monde parle Anglais, tous les Afrikaaners sont bilingues. Mais y'a en tous cas 2 mots afrikaans qu'il faut assimiler: "lekker" et "braai". Lekker, ça veut dire super, génial, top, etc.. ça s'utilise pour tout. Et le braai, c'est le BBQ, mais en Afrique du Sud c'est une institution, presque une religion. Dans toutes les stations service et les supermarchés on trouve du bois de feu, du charbon et des "boerworst", des saucisses à rôtir. Wessel, un biker que j'ai rencontré sur la route, avait coincé un grille à braai sur sa bécane entre 2 bagages. Vital. Et en plus leur bidoche est lekker, bonne et pas chère, donc je me rattrape des précédents mois où la viande était plutôt dégueu.



Avant d'arriver en Afrique du Sud je passe par le Swaziland, un petit pays qui ressemble vachement à l'Afrique du Sud, mais qui a comme caractéristique principale d'être la dernière monarchie absolue d'Afrique. Au lieu d'organiser des élections qui partent en sucette, comme en Côte d'Ivoire, ou pipeautées, comme en Egypte, ils font plus simple et y'a pas de partis ni de parlement. A priori ils s'en sortent pas plus mal et ils ont pas l'air plus malheureux qu'au Mozambique ou en AfSud. C'est vrai que quand on n'a pas de quoi nourri ses enfants, on se moque de la démocratie. Bien sûr, les 25 Mercedès du roi font un peu désordre, mais c'est pas pire que le train de vie des ministres élus "démocratiquement" des pays alentours. 



Justement, en entrant en Afrique du Sud, ce qui frappe c'est que si les noirs ont retrouvé leur honneur depuis 1994, ils ne sont pas encore sortis de la misère - sauf pour une petite élite de l'ANC qui bien entendu s'en met plein les fouilles. L'apartheid politique a disparu, mais la ségrégation économique est encore bien réelle, et le pays est divisé en deux parties bien distinctes: des blancs et une nouvelle middle-class noire qui vivent à l'européenne (KFC, supermarchés, routes bien entretenues, villas modernes et grosses bagnoles); et des noirs pauvres qui vivent toujours dans leur townships crados ou qui glandent dans les centre villes (désertés par les blancs). A Durban au centre ville, j'étais un peu le seul blanc à me balader. Par contre, dans les centre commercial dans une banlieue, la plupart des clients étaient blancs ou indiens (eux s'en sortent plutôt bien visiblement). Bien sûr, si on partageait la richesse du pays entre tous, tout le monde serait pauvre.. et les blancs serrent partis donc on voit pas bien comment ça pourrait être autrement.


Mais je digresse. Les Sud Afs sont super sympas et très cool, surtout la communauté des motards qui m'a super bien accueilli. En particulier, j'ai jamais vu un service comme j'ai eu chez le dealer BMW à Durban (Roger), un million de fois plus sympa et cool que les escrocs que sont les garagistes chez nous. Erik à East London et Wessel à Aghulas m'ont accueillis très simplement chez eux, merci encore.




Question climat, par contre, c'est assez moyen.. j'ai eu pas mal de pluie, mais aussi des belles journées chaudes parfaites pour rouler. C'est l'automne là en-bas, et le temps peut changer complètement d'un jour à l'autre. Au nord c'est sub-tropical, au sud méditerranéen, à l'est plutôt humide et à l'ouest et au centre plutôt sec. Les routes sont bonnes, qu'elles soient goudronnées ou non, sauf au Transkei où elles sont plus "Africaines". Le Transkei était un "homeland" sous le régime de l'apartheid, c'est-à-dire une territoire géré de manière autonome par les noirs. Il est resté sous-développé, mais surtout la côte au bord de l'océans Indien est encore très sauvage et non urbanisée comme au nord ou au sud, donc très belle.



En venant du Swaziland on arrive au KwaZulu-Natal, très peuplé avec des villes modernes où on trouve des Spar et des KFC à tous les coins de rue. Mais aussi des réserves animalières un peu partout. A part les grands parcs nationaux genre Kruger, il existe en Afrique du Sud des douzaines de réserves privées nettement plus petites, mais où on y a mis des zébres, des girafes ou des éléphants qui s'y plaisent bien. Et contrairement aux parc nationaux, il est souvent possible d'entrer en bécane. 



Les girafes et les zèbres, c'est plutôt sympa et pas méchant; mais c'est autre chose de se retrouver nez à nez avec deux buffles au détour d'un chemin dans Baviaans Kloof, ou passer à coté d'un troupeau d'éléphants dans Sanbona. Là faut pas faire le con. Y'a même des lions dans Sanbona, mais comme une route départemental traverse la réserve, ils peuvent pas t'empêcher de passer: ils envoient juste une bagnole pour t'"escorter" (mais bon, il va faire quoi si je me fais charger par des éléphants, klaxonner ?).



J'avais donc pris rendez-vous à Durban chez Roger, un concessionnaire BMW mais surtout un motard fanatique) pour passer en revue tous les trucs qui déconnent sur ma bécane. Et changer le pneu arrière, commandé en avance grâce à Erik (la connexion biker SA). Mais comme il faisait grand beau, j'ai profiter de visiter le Drakensberg et le Lesotho. Bon, le Drakensberg c'est bien beau mais on a pareil dans les Alpes, et en plus les routes sont assez limitées. 



Le Lesotho (prononcé "lissoutou"), par contre, c'est très spécial: le pays est pas bien grand, mais entièrement situé en altitude, entre 1500 et 3000m. Au sud-est, la frontière est formée par le Drakensberg justement, et le seul col pour y arriver est la Sani pass. Ce col est devenu un peu mythique en Afrique du Sud, c'est pas le plus haut d'Afrique (en Ethiopie on est souvent plus haut), mais il est super-raide et pas en très bonne condition: pas mal de grosse pierre et des trous. Mais il est pas très long ce qui fait que si il est technique, c'est pas le pire que j'aie fait. N'empêche qu'avec des pneu lisses et une bécane surchargée, faut pas faire le guignol. 



La route est autorisée qu'aux 4x4 (et pis moi alors ?) mais y'a quand même un peu de trafic parce qu'on peut organiser des aller-retour en 4x4 depuis le bled en bas du col. La vue est belle. Photo. Petite taxe routière au Lesotho et on repart mais on redescend pas: on arrive à une espèce de plateau et continue à monter gentiment sur une route tout aussi merdique. Plus question de KFC et ShopRite: les locaux se baladent surtout à cheval et vivent dans des huttes traditionnelles. L'Afrique, quoi.




On est entre 2000 et 3000m, il fait un peu frisquet mais grand beau. La conduite est assez technique donc j'ai pas le temps d'avoir froid. Je rejoins une route goudronnée pour quelques km, et je bifurque sur une traverse marquée "off-road" sur mon GPS (T4A) pou rejoindre un barrage à l'ouest. Off-road ça veut dire un peu tout et n'importe quoi, donc je teste: c'est de la bonne piste, alors roule Raoul. Mais il commence à faire tard et au premier bled je m'arrête, et plante ma tente dans le village, ce qui attire irrémédiablement tous les gosses du village, qui me regardent faire à manger, un peu troublés quand même que je fasse pas ma prière avant de manger. 



Le lendemain je continue sur ma bonne piste, 50 km je devrais en avoir pour 1h1/2. Ouais, sauf que après quelques km la piste devient une mauvaise "tao spoor" comme disent les SudAfs. C'est probablement que 1 ou 2 km qui ont pas encore été remis en état, donc je continue en 1ère - 2ème. 



Et ça s'améliore pas, au contraire: des grosses pierres au milieu de la route à franchir dans éclater le carter ni péter une jante. 1h comme ça et j'ai fait à peine 10 km. Et pas un véhicule en vue, que des mecs à cheval. Rebrousser chemin ? dans tes rêves. Il est encore tôt et j'ai la journée devant moi.







Après 5h de bataille (et quelques vautrées) je me rejoins un bled où j'achète et me fais faire cuire un peu de riz et de corned-beef. 



Tiens-tiens, que vois-je, une bagnole parquée. Ah-ha. Effectivement, 20 minutes plus loin je rejoins une bonne piste et à la tombée de la nuit, complètement cassé, je trouve un camping pas cher juste en face du barrage. Rideau.



Le lendemain, grosse étape pour revenir vers Durban. J'arrive le vendredi soir et fait connaissance avec Roger, le patron, et Mike le mécano. Les gars vont fermer, mais on discute un peu et ils m'offrent une bière.. t'as déjà vu ça, un garagiste qui t'offre une bière ? On fait la liste (pneu arrière, kit chaîne, amorto, poignée chauffante, clignos arrière), on prend rendez-vous pour lundi et je vais me poser dans un backpacker à Durban en attendant. Il commence à flotter donc j'ai bien fait de profiter du beau.



Au bout du compte ils vont garder ma bécane 3 jours, mais ça valait la peine parce qu'ils ont réussi à faire passer un changement d'amorto sous garantie! et en plus ils envoient leur chauffeur me ramener et me rechercher en ville, c'est le service top classe. Je suis fin prêt pour remonter l'Afrique. Juste à organiser des pneus de rechange à Windhoek, mais ça c'est facile.

Je repars direction le cap Aghulas en suivant la côte, vu que l'intérieur du pays c'est juste un grand désert: le Karoo. La province suivante c'est le Eastern Cape", et je vais explorer la Wild Coast, la partie côtière du Transkei. Les routes sont pouraves et je m'éclate pas trop, malgré le paysage magnifique. 



En fait je me traîne de la fièvre depuis le départ de Durban et je commence à me demander ce que j'ai. Deux hypothèses: un palud diminué par les cachetons, ou une saloperie apportée par une tique que j'ai chopée à Durban. Ou encore un autre truc tropical. Après 4 jours à me traîner comme une merde je file au prochain hôpital à East London. 



Très agréable, bon accueil, le doc me diagnostique effectivement un "tick bite lever" mais me fait quand même un screening du palud: négatif. Je repars avec des antibios et le truc disparait au bout de 2-3 jours. Entretemps je me suis posé chez Erik, le beauf de Michnus que j'ai rencontré à Nairobi (c.f un post précédent), et qui m'a recommandé le dealer BMW à Durban et fait envoyer un pneu là-bas. Très cool. Et immense villa au bord de l'océan, y'a pire.



Je suis presque tout au sud, après c'est le Western Cape et le cap Aghulas, mais la côte est construite et assez moche. Je préfère partir à l'intérieur dans le "little Karoo", 1200 km à travers des Kloof (canyons), Pass (cols) et Poort (défilé). 



Mieux on peut pas. 



Et à 75% sur des pistes, très bien entretenues, des vrais billards. C'est pas chez nous qu'on peut s'envoyer une piste à fond de 6 (ouais, je sais, mais je tire un peu court, j'ai enlevé une dent au pignon de sortie boîte).



En sortant de Baviaans Kloof il commençait à pleuvoir donc je décide de me payer un guest huis. Et là je rencontre 2 motards (en Béhème comme la plupart de motards sudAfs), avec qui on boit une bière et qui me refilent des tuyaux pour a suite. Et Wessel m'invite à pieuter chez lui, il a un cottage dans le jardin. Il habite près du cap Aghulas, ça tombe bien c'est bon objectif de mi-parcours: le point le plus au sud du continent, après faut mettre des flotteurs et ça s'appelle du pédalo. 




Avec Wessel et 2 de ses potes motards on va faire la séance photo au cap, mais on revient vite fait avant de se faire arracher les cervicale par le vent d'est. 



Le lendemain grand beau et le vent est tombé, je pars le long de la "whale coast" (mais pas de baleine à cette saison) direction Cape Town. Je sais pas si c'est l'influence de l'Atlantique, mais on se caille grave. 12 degrés au petit matin, 16 degrés avec le soleil.. mais en piquant à l'intérieur des terres 1h plus tard il fait 32 degrés! je préfère. Je shunte Cape Town parce que je connais déjà, c'est une ville très cool, mais je préfère aller m'amuser sur les pistes un peu plus au nord au Cederberg. Et j'ai rancard avec Cécile à Windhoek, 2000km plus au nord dans 10 jours pour 1 mois de balade en Namibie en bakkie (encore un mot afrikaans essentiel). Et j'ai pas intérêt à être en retard cette fois.. 



Petite stat à mi-parcours

42'000 km en 270 jours.

Europe - Turquie: 7875 km, 43 jours
Caucase - Iran: 6700 km, 39 jours
Arabie: 7300 km, 40 jours
Afrique de l'Est: 12'000 km, 79 jours
Afrique du Sud - côte est: 5200 km, 31 jours

Pays traversés: 26
Bakshish: 0

Plus longue étape: 722 km, Ethiopie, en 12h40..

4 jeux de pneus
1 kit chaîne
4 changements d'huile

Pannes mécaniques: 0
Crevaisons: 1
Gamelles: j'ai pas compté..
Blessures: 1 morsure de chien
Maladies: 2 crèves, 1 piqûre de tique
Touristas: même pas, juste un peu mou de temps en temps

Sunday, April 3, 2011

Maputo




A Maputo j'avais rendez-vous chez Pascual et Adeline, des amis de la famille qui vivent dans une immense villa dans la banlieue, et qui ont accepté de me recevoir. Après tout c'est pas désagréable de dormir dans un lit de temps en temps - et quand le personnel de maison s'occupe de la lessive. J'avais pas l'intention de rester longtemps, surtout que Maputo est pas des plus intéressants, et l'atmosphère saturée d'humidité rend la chaleur assez pénible, mais finalement je suis resté bloqué 10 jours. Puisque j'étais dans une capitale, j'ai décidé d'aller rendre visite à l'ambassade d'Angola, et me renseigner sur les formalités pour obtenir un visa Angolais - le plus difficile à obtenir en Afrique. Ils veulent bien te filer un visa de transit de 5 jours, mais vu la taille du pays, ça te laisse juste le temps de traverser en faisant que rouler toute la journée - pas glop. Dans la communauté des voyageurs de la côte ouest, tout le monde connait le célèbre visa touristique de 30 jours, mais peu l'ont vu.

Je débarque donc à l'ambassade à Maputo, et là je rencontre toute de suite plusieurs obstacles:
  1. Ils parlent que Portuguais. Après tout si ils se sont faits envoyer dans un pays parlant la même langue, c'est pas pour se faire chier à apprendre l'anglais.
  2. Ils n'acceptent que les dossiers des Mozambicains, ou résidents au Mozambique.
  3. Le visa accordé doit être utilisé dans les 60 jours, donc trop juste pour moi, je compte passer 1 mois en Afrique du Sud et 1 mois 1/2 en Namibie/Botswana. 
  4. Il faut une lettre d'invitation d'in sponsor en Angola.

L'idée c'était de me profiter de la présence de Pascual, qui est à la retraite mais a été une grosse légume du Frelimo - et du gouvernement Mozambicain, pour lever quelques barrières. Il passe un ou deux coup de fil avec l'ambassadeur ici, qui lui promet qu'il va m'aider à obtenir un visa en Namibie. Bien sûr, le personnel de l'ambassade n'est pas du tout au courant de cet arrangement, et je passe plusieurs jours à poireauter à l'ambassade, sous le regard totalement désintéressé des gonzesses du bureau des visas. Je me fais balader, quoi.



En plus, alors que je revenais (en bécane) de Maputo après une de mes visites inutiles, et que j'attendais à un feu rouge, je me fais défoncer l'arrière-train par un crétin qui a confondu la pédale des gaz avec la pédale des freins. Il a arraché une des valoches et envoyé ma bécane dans le coffre de la bagnole arrêtée devant. Moi, je me retrouve parterre avec une bonne tomate à la cuisse mais sans plus. Le conducteur était paralysé par la trouille, et a même pas osé sortir de la bagnole pour voir si j'étais OK. Ou alors il avait peur que je lui casse la gueule. Mais comme tout le trafic était arrêté, et que les gens avaient quand même envie de rentrer chez eux, ils m'ont aidé à sortir ma bécane de dessous la bagnole d'à-coté et rassembler les pièces tombées. Sur ce, un flic passe en moto et ramasse le permis du conducteur fautif. On attend un peu et comme les flics reviennent pas, et que ma bécane a l'air de rouler, on part ensemble (la bagnole fautive, celle avec le coffre défoncé et moi) au poste de flics. Là on y passe l'après-midi à attendre et remplir des déclarations diverses. Evidemment, moi je suis un peu largué à cause la langue, mais bizarrement tout se passe bien et on ne cherche pas à m'arnaquer - pour une fois. 


Le lendemain on se retrouve tous chez l'assureur - moi avec Adeline pour faire l'interprète, mais c'est pas nécessaire parce que je tombe sur le patron du conducteur-sodomite qui est portugais et parle anglais. Il m'explique que vu la bureaucratie de l'assurance ça risque de prendre des semaines pour me faire réparer les dégâts. Il me propose alors d'aller dans son entreprise, qui construit de portes en alu, et de bricoler dans son atelier. Moi ça m'arrange plutôt, j'ai pas envie de moisir à Maputo, et les dégâts sont assez mineurs, seuls le porte-bagage et les attaches des valises sont pliées ou cassés. On passera finalement toute la journée avec ses ouvriers pour redresser, souder et remonter tout pour que ça tienne la route. La seule casse sur la moto elle-même c'est un repose pieds arrière qu'il me paie en cash. Bon, ça sera jamais nickel comme au départ, mais c'est pas non plus la première fois qu'il souffre. Bye-bye Mozambique, prochaine étape l'Afrique du Sud chez un dealer BMW pour faire un brin de maintenance.