Monday, November 29, 2010

La vie au Yémen



Je glande un peu à Sana'a en attendant de résoudre un problème de visa (pour changer), alors voilà quelques impressions du pays, en attendant de continuer mon récit. D'autant plus que blogger.com a enfin résolu ses bugs d'éditeur (c'est pas trop tôt) et j'ai trouvé un café internet qui me laisse plugger mon laptop, ce qui est plutôt rare. Mais les débits restent merdiques, faut pas être presser pour uploader de la vidéo..



Yemen est très différent des Emirats et d'Oman. D'abord, ils sont plus pauvres; ils ont du pétrole, mais pas tant que ça, et la plupart des gens vivent très simplement. Evidemment, avec 40% de chômage et un niveau de vie assez bas, il n'y a pas de travailleurs immigrés indiens/pakistanais comme à Oman et surtout à Dubaï; juste quelques réfugiés somaliens. Mais ça ne veut pas dire pour autant que la vie est super-bon marché: les yéménites adorent escroquer les étrangers, donc il faut se battre sans arrêt pour avoir le vrai prix. Après quelques jours, ça commence à rentrer, 30 pour un thé ou un trajet en bus, 50 pour un shawarma mouton, 100 pour un au poulet, etc.. Jusqu'à présent c'était assez cool, autant en Iran que à Dubai et Oman. Mais à partir de maintenant faudra prendre le pli: se fait avoir jusqu'à ce qu'on apprenne quel est le prix correct, et ensuite tchatcher.



Les yéménites sont habillés différemment aussi: les hommes portent le ma'waz (pagne) avec chemisette (et une veste à Sana'a où il fait pas chaud), et souvent l'amamah (turban) ou un bonnet sur la tête. Beaucoup plus rarement le thaub. A Sana'a en particulier, ils portent par dessus presque tous le jambiya, le poignard traditionnel, tenu sur le ventre par une large ceinture. Dans le sud du pays c'est plus rare, l'AK-47 est plus populaire (et plus pratique pour buter son voisin). Mais le jeans/t-shirt est aussi populaire, contrairement à Oman où absolument tous les locaux sont en dishdasha.



C'est pas un épouvantail, y'a une femme là-dessous


Les femmes yéménites elles sont à 100% en abaya et burqa, avec à peine les yeux qui dépassent, même dans la capitale. Les seules qui portent juste un voile sont visiblement des étrangères, probablement somaliennes ou éthiopiennes. Les occidentales (les 2-3 que j'ai croisées) elles sont libres de laisser leur tête nue. Au Hadramout, quand elles vont travailler au champ en plein cagnard, elles gardent bien sûr l'abbaye noire, mais se protègent un peu avec un curieux chapeau de paille pointu. C'est extrêmement difficile de les photographier, lorsque je me suis arrêté au bord d'un champ et que j'ai sorti ma caméra, elles ont commencer à hurler et une a même plongé derrière les plantations comme si j'avais dégoupillé une grenade. C'est un peu ridicule, parce que si elles se donnent tellement de peine pour se cacher derrière leur burqa, elles devraient s'en foutre qu'on les photographie. C'est clairement le pays que j'ai visité le plus intransigeant aux niveau des femmes, bien plus qu'en Iran par exemple. D'où le choc quand je suis rentré dans un café éthiopien, où de charmantes femmes non voilées nous servent le café avec le sourire.. (même si elle aimait pas trop être prise en photo elle a pas pété une durite elle).

Cérémonie du café éthiopienne.

Quant à la circulation, elle est complètement chaotique, ça se rapproche de l'Iran, mais avec d'autres règles informelles qu'il faut apprendre si on veut pas se fritter. Rien à voir avec Oman: à Muscat c'est la première fois depuis que j'ai quitté la Suisse pour Marseille qu'une voiture s'arrête pour me laisser traverser la route. J'en croyais pas mes yeux. Au Yémen par contre, il doit y avoir chaque année beaucoup plus de morts dû à M. Toyota que M. Kalashnikov. Les véhicules sont presque tous pourris, et ils roulent sans phare la nuit. Normal. Ce qu'on rencontre le plus (en dehors de Sana'a bien sûr) c'est le bon vieux Landcruiser  BJ40, un véhicule mythique et increvable:

Option Satellite!
Ils ont aussi les derniers modèles bien sûr, mais par contre leur tuning est pas complètement au point:



Pas d'alcool non plus, bien entendu, sauf éventuellement dans les grands hôtels de Sana'a, mais ça ne me manque pas tellement que je paie 5$ la bière. Leur truc à eux c'est le qat: à partir de midi, ils se remplisse la gueule de feuilles de qat qu'ils gardent comme ça toute l'après-midi, ce qui est sensé les exciter mais qui en fait les ramollit pas mal du cerveau. En plus c'est assez dégueu quand ils te parlent avec leur bouillie verte qui leur sort des dents. Ca me rappelle un peu le pan des Indiens.




Question sécurité c'est pas encore ça. C'est pas tellement AQAP qui pose problème, quoiqu'en dise les Américains. C'est les tribus locales qui sont en conflit avec le gouvernement (comme je le verrai de première main..). Particulièrement au nord à Sadaa où les Houthis shiites revendiquent leur indépendance et se frittent avec l'armée. Mais aussi à l'est de Sanaa et entre Mukhalla et Aden. Sana'a est calme apparemment, à part peut-être les objectifs habituels comme les employés de l'ambassade Américaine, par exemple. De toute façon y'a bien trop peu de touristes, j'ai du en croiser un dizaine maximum à Sana'a en une semaine, et aucuns dans le reste du pays. C'est dommage, parce qu'entre 1994, fin de la guerre civile, et 2004, le pays était très facile à visiter. Ca ira mieux quand ils auront plus besoin de vendre leur qat avec un AK-47 sur les genoux. 


Au Yémen comme partout ils adorent la télé, dans tous les hôtels même les plus pourris, y'a la TV avec sat. Et parmi les 534 chaînes en arabe, y'a la BBC, CNN et TV5 monde.. et surprise, ils passent les matchs de l'OM en direct. Et bien depuis que je regarde les matchs, ils arrêtent pas de gagner! on peut vraiment pas s'absenter 5 minutes.. Ici ils aiment aussi le foot, comme partout (bon, pas en Inde, mais presque partout). Le gros truc du moment c'est le "Gulf 20", le championnat des 8 pays du golfe qui passionne les foules. Un peu moins certes depuis que le Yémen s'est fait sortir au premier tour (malgré la présence du no. 10 "Al Nono" ;-). Cette année (le 20ème) ça se passe au Yémen, mais comme Sana'a est à 2300m d'altitude, trop haut pour jouer des matchs internationaux, ils ont construit un putain de stade à 200 millions de dollars à Aden pour l'occasion. Il est à 50 km du centre ville au milieu de nulle part, relié par une autoroute toute neuve et totalement inutile sauf pour aller au match..! 


Je vous laisse voir les photos de Sana'a sur l'album, je finis avec une petite vidéo de la vie de tous les jours.

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