Sunday, November 28, 2010

Yémen - Hadramout



Je rentre au Yémen comme un doigt dans le cul. Juste une assurance de 2 rials (4€) à payer, je refile mon reste de monnaie (1,5 rials) et il me tamponne le papier.



La route suit la côte jusqu'à Mukhalla en passant pas quelques villages de pêcheurs. Pas d'escorte ou de permis, la région est calme.


J'arrive pas à faire les 600 bornes d'un coup, donc petite nuit en hôtel dans une ville moisie, et arrivée le lendemain à midi à Mukhalla. La ville est pas super intéressante, je préfère aller au Hadramout, au nord. Là en principe ça commence à craindre un peu (la famille Ben Laden est originaire de là-bas), des touristes coréens se sont fait flinger y'a quelques temps, donc je vais à la police me renseigner sur la situation. Un ou deux coups de fil plus tard, je suis libre d'y aller tout seul, visiblement ça s'est tassé un peu. N'empêche, le gars qui pose avec sa Kalash sur le panneau d'affichage du poste, il faut pas monter dans sa voiture.



Celui-la a l'air plus cool, de maniere générale les gens sont super gentils.



Je passe quand même une bonne dizaine de check-points en route. Chaque fois ça se passe de la même manière: le soldat m'arrête, me demande mon passeport et appelle le flic (il est en civil, c'est comme ça qu'on le reconnait). Celui-ci prend son portable et appelle Mukhalla pour savoir si je suis OK. Comme on est l'après-midi, les gars sont déjà un peu pétés au qat, donc c'est des fois un peu confus. Mais ça passe chaque fois.



J'arrive au wadi Hadramout au soleil couchant et le paysage est absolument magnifique. Je m'arrête pour faire des photos, mais du coup il me reste 1h de route alors que la nuit tombe. Je décide de camper dans la pampa, malgré l'insécurité de l'endroit, ce qui aurait certainement pas trop plu à la police. Mais le truc c'est d'arriver de nuit et repartir de nuit, sans se faire remarquer, et on est tranquille. Le paradoxe de l'escorte est que là où on passerait discrètement tout seul, on se fait autrement plus remarquer en compagnie d'un véhicule de police.



Je décolle donc à l'aube par un petit 12 degrés, pour admirer le lever de soleil sur Shibam, top classe.



Shibam est une ville faîte de maisons traditionnelles de brique et boue, sur 6-11 étages, qui lui donne le surnom de "manhattan du désert". Bon, faut pas exagérer, y'a même pas de McDo. Juste des vendeurs de qat et un stand de thé.



Il faut s'imaginer l'équivalent du Mont St-Michel ou de Carcassonne. Il y'a 5-6 ans, on devait trouver des cars de Japs et des Allemands en short partout. Là, j'ai pas vu un touriste en 2 jours, vu la situation actuelle, pour moi c'est juste parfait! Par contre les locaux tirent un peu la gueule. Ils sirotent du thé sur la place du village en jouant aux dominos, sans même ouvrir leur boutique. Un gars me raconte qu'il a eu jusqu'à 4 magasins, mais aujourd'hui plus qu'un. Et fermé, ils savent exactement si et quand un touriste arrive, et là y'avait que moi. Donc tchai.



Un mec habillé en uniforme se pointe quand même et me sort un vieux carnet de tickets moisis pour me vendre un billet à 500 rials (2,5 $). Je le convainc assez facilement de retourner à son thé, il est pas trop motivé pour insister.



Je m'annonce à la "tourist police" du coin, et un gars avec une petite voix ridicule et la gueule pleine de qat m'accueille et me donne sa carte:



Je crois pas qu'il donne à "manger", ça doit être une erreur de traduction qui a echappé à sa sagacité..



..ah ouais, la calligraphie arabe, ça a quand même plus de classe.



Je fais le retour par le Wadi Do'an, qui est parsemé de villages typiques accrochés aux parois du wadi. Arrivée à Mukhalla à la nuit tombante (de nouveau), et hôtel avant de faire la route jusqu'à Aden, qui traverse une partie particulièrement instable du pays.



Un peu plus d'action donc dans le prochain numéro..

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